Tribune d’Arthur Kenigsberg, président fondateur d’Euro Créative, dans Le Monde daté du jeudi 21 novembre.
Le premier ministre polonais, Donald Tusk, a écrit, le 2 novembre sur X, que « l’ère de la sous-traitance géopolitique [était] terminée », et ce, à quelques jours du dénouement de l’élection présidentielle américaine. Pour un dirigeant dont l’opinion publique est souvent présentée comme plus américanophile que les Américains eux-mêmes, cette formule est frappante et semble dessiner l’élan de lucidité dont font preuve les gouvernants d’Europe centrale et orientale ces derniers mois : le repli et l’isolationnisme américain sont une tendance de fond, malgré le baroud d’honneur de l’administration Biden, qui vient d’autoriser l’Ukraine à cibler des objectifs militaires dans la Fédération de Russie avec des armes de longue portée américaines.
Ces pays, entre mer Baltique et mer Noire, dont la sécurité face à la Russie est essentiellement assurée par l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et les Etats-Unis, voient dans l’élection de Donald Trump une menace pour l’Alliance atlantique, et donc pour leur sécurité. Comment pourraient-ils être sereins face à un président imprévisible et candidat revanchard, qui a déclaré, à plusieurs reprises, vouloir détricoter l’OTAN et, surtout, régler la guerre d’Ukraine « en vingt-quatre heures » ?
La Pologne acceptera-t-elle une capitulation de l’Ukraine alors qu’elle préside le Conseil de l’Union européenne (UE) ? Ces pays dits de la « façade est » de l’Europe, qui sont en première ligne face à la Russie, accepteront-ils encore longtemps que la garantie sécuritaire de l’OTAN soit suspendue à la régulation ou non des plateformes d’Elon Musk par l’UE ?
Relever des défis de souveraineté
Pour marquer le leadership polonais dans le soutien à l’Ukraine, le ministre des affaires étrangères du pays, Radoslaw Sikorski, a reçu, mardi 19 novembre, ses homologues français, allemand, italien et ukrainien à Varsovie. Alors que la Pologne est perçue comme une puissance montante en Europe depuis le retour au pouvoir de Donald Tusk, elle s’apprête à prendre la présidence tournante du Conseil de l’UE au 1er janvier 2025 dans un contexte où un grand nombre d’Européens appellent à un sursaut.
La suite de la tribune : https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/20/creer-l-europe-puissance-semble-redevenu-une-priorite-pour-de-nombreux-pays-europeens_6404414_3232.html
Président fondateur d’Euro Créative, spécialiste Europe centrale