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Prague signe un accord de jumelage avec Taipei, mécontentement à Pékin

Article publié initialement sur le site de notre partenaire Kafkadesk.

Un mois après que la capitale tchèque ait officiellement mis fin à son accord de jumelage avec Pékin, le maire ‘anti-establishment’ de Prague Zdeněk Hřib a annoncé lundi la signature d’un accord similaire avec Taipei.

L’accord sera voté ou non par les autorités de la ville le 12 Décembre prochain. Si tel est le cas, l’accord deviendra officiel lors de la visite du Maire de Taipei Ko Wen-je à Prague prévue en Janvier prochain.

L’accord de jumelage devrait inclure une coopération dans les secteurs économique, scientifique, technologique, touristique, sanitaire, éducatif et culturel. De plus, dans la perspective de cet accord, le Maire Hřib a également annoncé l’envoi d’étudiants tchèques à Taipei dans l’objectif d’améliorer leurs compétences linguistiques mais aussi de tirer profit des expériences positives taiwanaises en terme de systèmes de santé ou d’infrastructures de transport (l’initiative Mass Rapid Transit a été mentionnée).

Le Maire a également indiqué que le parc zoologique de Prague recevrait des pangolins de la part du zoo de Taipei.

Des pangolins plutôt que des pandas

Le mois dernier, les autorités municipales de la ville de Prague ont officiellement décidé d’annuler l’accord de jumelage avec Pékin faisant suite au refus des autorités chinoises de supprimer un point contractuel affirmant que Prague reconnaissait le principe politique de « Chine unique ».

« La défense des droits de l’homme vaut bien plus qu’un panda dans un zoo » argumentait alors Jan Čižinsky, député du 7ème arrondissement de Prague, faisant alors référence à l’ancienne Maire de Prague Adriana Krnáčová qui avait accepté la clause chinoise dans l’accord de jumelage en échange d’un panda pour le zoo de Prague. Promesse qui n’a d’ailleurs pas été tenue par Pékin à ce jour.

Ardent défenseur des causes taiwanaises et tibétaines, le Maire Hřib a tenté pendant plusieurs mois de négocier un amendement sur cet accord estimant d’une part qu’une telle clause n’avait pas sa place dans ce type d’accord et d’autre part que certaines villes européennes, notamment Londres, n’étaient pas tenues de respecter cette clause particulière.

Signé en 2016 , l’accord entre les capitales chinoise et tchèque mentionnait explicitement la reconnaissance par Prague de la politique de « Chine unique », position officielle de la Chine depuis 1949 ne reconnaissant pas l’existence de Taiwan comme État souverain et indépendant et estimant que cette province chinoise a pour perspective un rattachement à la Chine continentale.

Critique explicite sur la Chine

Depuis son entrée en fonction en Novembre dernier, le nouveau Maire – issu du parti ‘Pirate’ – a porté une voix très critique à l’encontre de la Chine et de ses dirigeants. L’inquiétude a alors grandit à Pékin quant aux menaces que le nouveau Maire faisait planer sur le maintien de ce rapprochement opaque et controversé.

En Mars dernier, le Maire Hřib a rencontré le Représentant du Gouvernement tibétain en exil, Lobsang Sangay. Il a également annoncé que Prague rejoindrait le mouvement « Un drapeau pour le Tibet« , une initiative lancée dans les Années 90 visant à soutenir l’indépendance tibétaine et déjà suivie par des centaines de villes et municipalités tchèques. Une initiative ignorée pendant les quatre années de mandat de l’ancienne Maire (parti ANO) à la tête de la ville.

Le conflit s’est intensifié ces derniers mois après que les autorités chinoises aient officiellement demandé aux autorités de la ville de respecter les intérêts chinois à Taiwan et au Tibet, de manière à ne pas détériorer les relations bilatérales et « d’agir en faveur de l’intérêt mutuel des deux pays ». En représailles, Pékin avait déjà annulé la tournée de l’Orchestre Philarmonique de Prague en Juin dernier. De la même manière, le Quatuor de Prague ou l’Orchestre Symphonique de la Radio Tchèque s’étaient également vu interdire leur tournée sur le territoire chinois.

Si l’accord de jumelage avec Taipei venait à se confirmer, cela ne ferait qu’augmenter les griefs chinois et pourrait signifier un point de non-retour dans les relations entre Pékin et Prague.

Pendant ce temps, le Gouvernement tchèque reste fidèle à la reconnaissance de la doctrine chinoise de « Chine unique ».

Pour rappel, Taiwan est indépendant de la Chine depuis la fin de la Guerre Civile chinoise en 1949. Néanmoins la Chine considère Taiwan comme une partie de son territoire.


Notre partenaire Kafkadesk

Fondé à Prague en 2018, Kafkadesk est un site d’information et d’analyse anglophone sur l’Europe centrale et les pays du groupe de Visegrád (Pologne, Hongrie, Slovaquie et République tchèque), visant à présenter la région dans toute sa richesse et sa diversité et à construire des ponts entre ‘Est’ et ‘Ouest’.

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