Par Anna Paluch et Frédéric Petit, co-présidents du groupe d’amitié parlementaire France-Pologne
Il y a cent ans, jour pour jour, se tenait la bataille de Varsovie. La jeune armée polonaise, soutenue par la mission militaire française conduite par le général Weygand, stoppait net l’avancée de l’Armée rouge, arrêtant ainsi l’expansion du communisme sur l’Europe et la civilisation occidentale.
Les célébrations sont en cours ; en Pologne pour rendre hommage aux combattants qui ont défendu l’indépendance de la République et saluer leur chef, le Maréchal Pilsudski ; en France, pour retracer cette mission militaire envoyée pour soutenir la renaissance du pays issu des traités de 1919. La mission militaire, constituées de 732 officiers, 2 120 sous-officiers et hommes du rang et complétée par des livraisons en équipements et munitions a constitué une aide essentielle pour la nouvelle armée polonaise. L’un des officiers de la mission, un certain Charles de Gaulle (à l’époque au grade de capitaine), s’est personnellement engagé dans les combats contre l’armée bolchevique, pour lesquels il a reçu la plus haute distinction militaire polonaise, la médaille Virtuti Militari.
Co-présidents du groupe d’amitié parlementaire France-Pologne, nous souhaitons marquer ensemble ce centenaire. Nous pensons tous deux que cet événement porte en lui deux symboles forts et importants du point de vue actuel.
Le premier, c’est que l’Union européenne possède bien une frontière à l’Est et cette frontière orientale doit être un sujet porté par tous les Européens, de Lisbonne à Varna. Comme il y a cent ans, cette question, loin d’être uniquement polonaise, ou estonienne, nous concerne tous.
Un aspect essentiel de l’identité polonaise repose dans la tradition de l’ancienne « Rzeczpospolita » (littéralement la « Chose publique »), c’est-à-dire l’ancien Etat polono-lituanien, qui se manifeste de manière renouvelée à travers la ‘politique de voisinage’ de l’Union européenne. Qu’il s’agisse de stabilisation politique, comme vient nous le rappeler l’actualité au Bélarus, de développement et de coopération, voire, n’ayons pas peur des mots, de défense et d’enjeux militaires, cette frontière constitue un enjeu pour l’UE tout entière.
Le second symbole de la bataille de Varsovie tient au fait que Polonais et Français savent être gagnants en dépit de certains désaccords. A l’ombre des drapeaux, des statues et des célébrations historiques convenues, nous oublions parfois que des divergences politiques et même tactiques étaient présentes dans la préparation de cette victoire commune.
Parlementaires représentants nos deux peuples, ‘unis dans la diversité’ comme le rappelle la devise de l’Union européenne, nous savons aussi rester amis dans l’adversité et le combat. Et, nous invitons Polonais et Français à célébrer comme il se doit ce centenaire.
Nous nous engageons, malgré nos différences, à poursuivre ensemble le travail d’édification d’une maison européenne commune, forte et stable, capable d’affronter un monde chaotique.
Directeur général d’Euro Créative, analyste Défense/Sécurité