Évoquer l’histoire de l’OTAN, de ses relations avec la Russie, de l’alliance transatlantique et des pays d’Europe centrale et orientales en commençant par 1945 est aussi illusoire que de penser la Bible en lisant seulement les évangiles. On ne s’affranchit ni de l’Histoire, ni de la mémoire.
Par Marc Lerouge
Chacun se souvient que la défense transatlantique s’est structurée depuis 1949 autour de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ayant pour but de se prémunir d’une attaque de l’URSS et d’acter la présence permanente de troupes américaines en Europe. Ainsi, de 1951 à 1990, jamais les effectifs militaires américains en Europe ne passeront sous la barre des 250 000 hommes. En face, l’URSS et ses alliés organisent autour du Pacte de Varsovie un dispositif similaire à partir de 1955 lorsque l’Allemagne de l’Ouest rejoint l’OTAN. L’équilibre des forces est en place et gèlera toute possibilité de conflit ouvert en Europe jusqu’à la fin de la Guerre froide.
C’est l’équilibre de la terreur qui empêchera le franchissement du rideau de fer. Au début des années 80, des forces considérables sont stationnées de part et d’autre: 4 millions d’hommes à l’Est, 2,6 millions à l’Ouest. Rien qu’en Allemagne, le Pacte oriental aligne 95 divisions, plus de 25 000 chars et 4500 avions de combat, l’Alliance quant à elle peut compter sur 35 divisions, 7600 chars et 2000 avions[2]. Mais l’équilibre se fait d’abord et avant tout grâce à l’arme nucléaire dont sont dotés les Etats-Unis et l’Union soviétique et, dans une moindre mesure, le Royaume-Uni et la France. Pendant des décennies, faire franchir par ses soldats, ses avions ou ses chars le rideau de fer risquait de déclencher une guerre atomique ce qui, vous en conviendrez, est susceptible de calmer les ardeurs des plus téméraires. L’histoire de la Guerre froide sur le théatre européen pourrait donc se résumer ainsi à partir de 1961: crise, détente, traité, nouvelle crise, nouvelle détente, nouveau traité.
C’est en Pologne et en Allemagne, certains diront là où tout a commencé, que les coups de boutoir qui aboutiront à la dislocation d’un empire très affaibli, vont se produire. La décennie qui commence avec Solidarnosc et qui se termine en novembre 1989 sur les ruines du mur de Berlin provoquera, de proche en proche et en quelques mois la disparition du bloc de l’Est. Si la compétition entre l’Est et l’Ouest a provoqué l’affaiblissement puis la chute du régime soviétique, c’est bien de l’intérieur qu’il est tombé. C’est beaucoup plus aux ouvriers de Gdansk et aux Berlinois (sans oublier les Moudjahidin des vallées afghanes) qu’aux stratèges de la CIA que nous devons la disparition de l’URSS.
Nous connaissons la suite: l’Histoire s’est terminée, le camp occidental a triomphé. La disparition de l’ennemi soviétique a eu raison de beaucoup d’habitudes et a installé de nombreuses certitudes: d’abord, les frontières sont tombées, le libre-échange a triomphé, la mondialisation est devenue la norme, la démocratie aussi. On réfléchit rapidement à associer à l’Union européenne les anciennes démocraties popualires. Ensuite, les horizons stratégiques changent: on entre dans un monde où les conflits se transforment pour devenir asymétriques, des opérations d’interposition, de maintien de la paix du fait de l’éclatement des frontières. Le temps des guerres est révolu (le mot a d’ailleurs disparu dans le jargon occidental, on ne parle plus que d’ « opérations »): ce sera le cas en ex-Yougoslavie (de 1991 à 1995) puis au Kosovo (de 1999 à 2001) où l’OTAN se voit confier la tâche de faire cesser la purification ethnique. Cela devient la nouvelle mission de l’OTAN qui, n’ayant plus d’adversaire, se trouve là une nouvelle raison d’exister: elle sera le bras armé et opérationnel de missions internationales.
Elle est aussi, pour les Etats européens, la garantie de la sécurité: les Etats-Unis, puissance militaire sans équivalent sur la planète, assurent la protection face à un ennemi devenu totalement hypothétique pendant que les pays d’Europe profitent de ce que l’on appelle les « dividendes de la paix » et diminuent leurs dépenses militaires, mettent fin au service national, ferment leurs casernes, réduisent leurs effectifs. Entre 1990 et 2000, la part des dépenses de Défense du Royaume-Uni, de la France, de l’Italie et de l’Allemagne passe de 3,15 à 2,18% de leur PIB cumulé, soit une baisse d’un tiers, aux Etats-Unis, elles passent de 5,6 à 3,1% du PIB, soit une baisse de près de 45%[3] [4].
Dans les derniers mois de l’Union soviétique, les dirigeants occidentaux garantissent à la Russie que l’OTAN n’a pas vocation à s’élargir à l’Est[5] [6]. L’heure est à la détente, en vue d’obtenir la signature de nouveaux accords de désarmement en Europe. Plusieurs initiatives sont alors prises pour intégrer les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) à la sécurité du continent qui, eux, ne rêvent que d’intégrer l’Alliance. C’est là que naît l’un des premiers malentendus actuels sur l’Alliance Atlantique: aucun pays n’y est intégré contre sa volonté. Il n’y a pas d’expansionnisme otanien, il y a un véritable attrait de l’Alliance.
Ni le Conseil de Coopération Nord-Atlantique (CCNA), ni le Partenariat pour la Paix (PPP) mis en place entre l’OTAN d’une part et chacun des PECO ainsi que la Russie d’autre part ne comblent les espérances: les PECO tapent toujours à la porte de l’Alliance pour l’intégrer de plain-pied, la Russie n’obtient aucune garantie sur la zone d’influence qu’elle espérait faire reconnaitre. Fin 1997 finalement, les demandes d’adhésion de la Pologne, de la Hongrie et de la République Tchèque sont acceptées.
Parallèlement, l’Acte fondateur de 1997 signé entre l’OTAN et la Russie crée le Conseil Conjoint Permanent Otan-Russie qui est une instance de coopération et de consultations qui garantit notamment qu’aucune arme nucléaire ne sera déployée sur le territoire des nouveaux membres, ouvrant donc la voie à l’intégration de nouveaux membres. Le ministre russe des Affaires étrangères, Evgueni Primakov déclare à ce sujet que l’élargissement de l’OTAN est une « faute majeure, peut-être la plus grosse depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale »[7]. La même année est signée une charte de partenariat avec l’Ukraine, soucieuse de ne pas être la grande oubliée du renouveau des relations entre la Russie et l’OTAN.
En 1999, les trois premiers pays issus du bloc de l’Est intègrent l’Alliance Atlantique. Varsovie, Budapest et Prague: l’évocation de ces 3 capitales est extrêmement symbolique. C’est en faisant appel à l’Histoire et à la Mémoire que l’on comprend pourquoi ces 3 pays ont frappé à la porte de l’Alliance: Varsovie, ville du Pacte du même nom, mais aussi capitale d’un pays maintes fois découpé et démembré par ses voisins allemands et russes en tête, souvent abandonné à son sort par ses puissants alliés européens (au premier rang desquels la France et la Grande-Bretagne); Budapest, première ville ayant subi, à peine dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les foudres de Moscou en 1956; Prague, et son fameux printemps en 1968 auquel, une fois n’est pas coutume, ne succéda pas un été mais une répression sanglante. A Varsovie, à Budapest et à Prague, on se souvient du silence et de l’indifférence, presque aussi bruyants que l’intervention des chars soviétiques. La « faute majeure » selon Primakov est sans doute très relative aux yeux de ces pays qui ont payé au prix fort leur appartenance au paradis des prolétaires. Pour ces pays, pour ces peuples, l’Alliance Atlantique n’est ni une provocation envers les Russes, ni une manière de plaire à l’Union européenne ou aux Etats-Unis: c’est une nécessité vitale dictée par l’Histoire. Les morts se souviennent.
En 2004, c’est au tour de 7 nouveaux pays d’intégrer l’OTAN: l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. 3 anciennes républiques soviétiques et 3 anciens Etats satellites. Moins puissants mais certains se sentant tout aussi menacés par Moscou. Dans le même temps, à la suite des révolutions de couleur survenues en Géorgie et en Ukraine, ces deux pays demandent leur intégration à l’Alliance, sans succès, mais pas sans conséquence, comme nous le verrons quelques années plus tard.
C’est là que naît l’un des premiers malentendus actuels sur l’Alliance Atlantique: aucun pays n’y est intégré contre sa volonté. Il n’y a pas d’expansionnisme otanien, il y a un véritable attrait de l’Alliance.
En effet, la Russie des années 2000 n’est plus celle des années 90. Avec le nouveau millénaire, le Kremlin s’est doté d’un nouveau locataire qui, comme souvent dans l’histoire russe, se comporte en propriétaire. Vladimir Poutine, obnubilé par la restauration de la Grande Russie, remet son pays sur pied, à marche forcée et entend à nouveau le faire jouer dans la cour des grandes puissances. En 2008, l’armée russe annexe une partie de la Géorgie qui, comme on l’a vu plus tôt, ambitionnait de s’arrimer à l’Occident. Six ans plus tard, les séparatistes ukrainiens aidés par des troupes officiellement non-identifiées (le genre de celles qui sont habillées en soldats russes, équipées d’armes et de véhicules russes, et qui finissent par sécuriser l’organisation d’un référendum démocratique, populaire, chaleureux et souverain d’une population massivement encouragée à se rendre aux urnes pour acter le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie puisque, de toutes façons, ils avaient dans leurs poches des passeports russes imprimés en quelques jours et distribués par ces curieux soldats dont le monde entier se demande encore de quelle nationalité et quels intérêts ils pouvaient bien servir)[8] [9] [10]. A la fin, Vladimir Poutine reconnaitra que les soldats étaient russes, le mal était fait[11].
Et c’est là, que le nucléaire revient sur le devant de la scène. Non pas le nucléaire de Tchernobyl, mais celui de Budapest. En 1994, la Russie et l’Ukraine se mettent d’accord à la suite de la dislocation de l’Union soviétique sur le stock de près de 1900 têtes nucléaires demeurées en Ukraine. En échange de leur retour en Russie pour démantèlement et de son adhésion au Traité de Non-Prolifération, l’Ukraine obtient la garantie de sa sécurité, de son indépendance et de son intégrité territoriale. Ce mémorandum, dit de Budapest, est signé par l’ensemble des membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. 20 ans plus tard, l’Ukraine se retrouva fort dépourvue lorsque l’ami russe fut revenu.
Ceux qui justifieront l’annexion pure et simple de la Crimée à la Fédération de Russie par la présence de russophones sur cette péninsule, n’auront donc aucun mal à justifier l’annexion des Sudètes par Hitler ainsi que l’Anschluss en 1938 qui ont conduit à la Seconde Guerre mondiale. Si l’on va par là, considérons qu’un membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations-Unies en charge, autant que faire se peut, de faire respecter l’ordre international, peut s’affranchir des traités et conventions reconnues par tous (et accessoirement signées par lui) pour modifier à sa guise ses frontières. Il serait intéressant, de ce point de vue, d’imaginer la France rattacher de force les territoires à majorité francophone en Belgique, au Luxembourg, en Suisse et, pourquoi pas, au Québec et en Afrique. De la même manière, l’argument selon lequel le camp occidental s’étant plusieurs fois affranchi du droit international, la Russie peut en faire de même est inepte et dangereux. Lorsque l’on veut être une grande Nation responsable et respectée, on se comporte comme tel. Tout cela entre en considération pour les PECO lorsqu’il s’agit de choisir comment ils doivent se défendre. L’Alliance atlantique apparaît comme la seule assurance de sécurité crédible face à la Russie.
Dans un discours à la Nation, prononcé le 8 juillet 2000, Vladimir Poutine disait au sujet de la Russie: « Un pays aussi vaste devrait avoir au moins 500 millions d’habitants ». Les populations russophones de pays tiers ont donc vocation à revenir dans le giron russe comme l’ont appris à leurs dépens les Ukrainiens. La politique de déstabilisation/annexion peut, dans un avenir proche concerner les 3 pays baltes qui ont la mauvaise idée d’être d’anciennes républiques soviétiques, peuplées de russophones, voisines immédiates de la Russie et au plus près de Kaliningrad, emprise ultra-militarisée de l’armée russe. Là encore, pour eux, une question de survie.
Mais la Russie sait aussi se rappeler au bon souvenir de ses partenaires sans user de la force, du moins pas directement. Depuis plusieurs années, la remontée en puissance de l’armée russe produit ses effets: lorsque Poutine arrive au pouvoir en 1999, la part des dépenses de défense dans le PIB russe est de 3,07%, 15 ans plus tard, elle est de 4,1%[12]. Entre 2009 et 2018, le budget militaire russe a progressé de 27% pour atteindre, l’année dernière près de 24 milliards de dollars[13]. Ces crédits profitent pleinement à la modernisation des équipements, bateaux, sous-marins, avions.
L’Alliance atlantique apparaît comme la seule assurance de sécurité crédible face à la Russie.
Il n’est plus rare désormais que des appareils russes, souvent des Tupolev Tu-160 accessoirement conçus pour effectuer des missions de bombardement nucléaire, viennent rôder en Mer du Nord, dans la Manche, parfois même jusque dans le golfe de Gascogne, transpondeurs éteints, pour tester le temps de réaction des permanences opérationnelles occidentales. « Un petit tour et puis s’en va » suffit pour mettre en alerte coup sur coup les aviations norvégiennes, britanniques, françaises, espagnoles parfois, belges, néerlandaises et danoises. Cela permet à la fois de tester l’adversaire potentiel et de faire démonstration de puissance: les Russes sont de retour[14] [15] [16]. Cela s’applique aussi bien dans les espaces maritimes français, britanniques, portugais qui ont vu des bâtiments russes s’approcher de près ces dernières années[17] [18] [19].
Ils ne franchissent pas les limites de l’espace aérien me direz-vous. C’est exact. Mais imaginez une seconde: vous êtes opérateur radar en charge de la surveillance de l’espace aérien d’un pays. Apparaît soudainement sur l’écran radar un voire deux, parfois plus, appareils non-identifiés, n’ayant déposé aucun plan de vol, ne répondant pas à la radio et suivant une trajectoire les conduisant droit vers votre espace aérien. Vous venez de comprendre ce qu’est un décollage sur alerte. Pour les moins fins qui ne voient toujours pas le problème, ce type d’appareil peut tout aussi bien être une vraie-fausse attaque nucléaire, une vraie attaque nucléaire ou une vraie fausse panne de transpondeur et de radio cachant en réalité un détournement d’avion civil comme un mardi ensoleillé de septembre 2001 nous en a fait faire l’amère expérience.
Mais c’est sur les flancs orientaux de l’Europe que se déroule un scénario similaire qui ne répond pas aux mêmes buts: ces pays n’ont pas les mêmes capacités de défense que leurs partenaires d’Europe occidentale. Equipés d’appareils vieillissants (Mig-21, Mig-29) en nombre très limité, ils ont vu le nombre de décollages sur alerte multipliés ces dernières années mettant à rude épreuve les forces aériennes de ces pays . Avant 2014, la chasse bulgare était sollicitée 2 à 3 fois par an. Depuis, c’est près d’une intervention tous les 2 jours, très souvent pour des appareils militaires russes[20].
Et là, vous allez comprendre … .
Pour remplacer ses Mig-21 déjà très anciens mais désormais très sollicités, la force aérienne roumaine achète d’occasion 12 F-16. Pour remplacer ses vieux Mig-29, la force aérienne bulgare achète 8 F-16 neufs. 2 pays du Sud-est de l’Europe, membres de l’OTAN, renforcent leurs capacités militaires: la Russie s’estime menacée et en fait de même.
Les pays ne disposant pas d’une aviation de combat font appel à leurs alliés pour assurer la sécurité de leur espace aérien. C’est le cas des pays baltes qui font l’objet de mesures de réassurance et qui voient leur espace aérien sécurisé par des détachements tournants de plusieurs pays de l’OTAN[21]. 3 pays du Nord-est de l’Europe, membres de l’OTAN, renforcent leurs capacités militaires: la Russie s’estime menacée et en fait de même.
Et puis il y a les pays qui ne sont pas membres de l’OTAN: c’est le cas de la Finlande et de la Suède. A plusieurs reprises, leurs espaces aériens ou maritimes ont été violés par des appareils ou des bâtiments russes[2] [3][4]. Ces incursions ont motivé une hausse de l’effort de défense de ces pays qui avaient pleinement tiré profit des dividendes de la paix à l’issue de la Guerre froide (en 20 ans, la Force aérienne suédoise a vu son nombre d’appareils de combat passer de 400 à moins de 150)[5]. 2 pays du Nord de l’Europe, partenaires de l’OTAN, renforcent leurs capacités militaires, vous connaissez la suite: le 1er mars 2018, devant le Parlement russe, Vladimir Poutine promettait de mettre en oeuvre « tous les moyens nécessaires pour neutraliser les systèmes d’armement occidentaux qui menacent la Russie »[6].
Ainsi donc, selon le point de vue, on peut considérer que l’OTAN se rapproche des frontières russes et entraîne une hausse des crédits militaires des pays membres, ou bien on peut considérer que la Russie ne crée pas un climat propice à la confiance et à la sécurité en Europe. Les exemples suédois et finlandais fragiliseront la thèse selon laquelle la Russie ne fait que se défendre de l’OTAN. Du reste, le climat d’instabilité créé par les actions russes en Géorgie et en Ukraine pousse les Etats non membres mais partenaires comme la Suède et la Finlande à davantage de coopération avec l’Alliance allant jusqu’à l’adhésion pure et simple. Le débat politique au sein de ces pays est désormais ouvert, ce qui n’était pas le cas durant la Guerre froide ou la neutralité de l’une et la finlandisation de l’autre suffisaient à garantir leur sécurité[27]. Alors, pourquoi ne pas construire enfin la défense européenne et sortir de l’OTAN?
La création d’un pilier européen de l’OTAN existe depuis la création de l’Alliance. Seulement, par facilité, les Européens ont accepté de déléguer leur sécurité aux Américains. De Gaulle, en voulant ériger une puissance militaire moyenne mais indépendante, en quittant le commandement intégré de l’alliance aurait pu initier un mouvement. Mais ce n’était certainement pas au cours des années 60 et dans celles qui ont suivi que quiconque allait s’affranchir de la protection américaine, alors que les Soviétiques massaient des millions d’hommes et de systèmes d’armes à quelques centaines de kilomètres des capitales européennes. A la fin de la Guerre froide, l’Europe aurait pu se doter d’une défense européenne: mais pour quoi faire? Et contre qui?
La première guerre du Golfe a montré que les Américains menaient la danse et que les coalitions internationales se feraient sous leur commandement. Pour la plupart des pays, il suffisait d’envoyer quelques avions, quelques navires ou un détachement et l’on était fier d’avoir contribué à une opération internationale sous leadership américain. L’honneur était sauf à peu de prix. Ont suivi les guerres de Yougoslavie ou, hormis la France et la Grande-Bretagne, personne n’a voulu s’engager réellement autrement qu’avec un casque bleu pour s’interposer avec recours à la force en cas d’extrême-nécessité. Sous l’insistance de Paris et de Londres, les Américains ont fini par intervenir, prendre la main et régler le conflit. Surviennent les attentats du 11 septembre et l’on se rend compte, à l’heure d’aller en Afghanistan que la capacité de projection des pays européens est réduite à quasi-néant et que, sans la logistique américaine, notre solidarité aurait été limitée à la signature de livres d’or dans les ambassades du vieux continent. Les années qui suivirent n’ont pas été dénuées d’initiatives, la création d’un pilier européen de l’OTAN a toujours été dans les projets de la France au moins. C’est d’ailleurs à cette condition qu’elle envisageait son retour dans le commandement intégré de l’Alliance jusqu’en 2008.
Seulement, par facilité, les Européens ont accepté de déléguer leur sécurité aux Américains.
Mais les partenaires européens de la France ne l’entendent pas de cette oreille. Pour la plupart d’entre-eux, il n’est pas de défense européenne sans l’OTAN car seuls les Etats-Unis sont capables d’intervenir militairement, dont la puissance dissuade n’importe quel adversaire potentiel et, surtout, mettent en oeuvre le parapluie nucléaire susceptible de leur garantir la sécurité totale face à une puissance hostile. 4 pays de l’Union européenne (ainsi que la Turquie) bénéficient même du partage nucléaire: ils abritent sur leur territoire des armes nucléaires américaines qu’ils peuvent mettre en oeuvre sur le principe de la double-clé: en cas de guerre, les armes nucléaires seraient montées sur des vecteurs italiens, allemands, belges ou néerlandais et délivrées sur ordre des Etats-Unis et du pays concerné. Bien plus économique que de développer son propre arsenal, tout aussi efficace en matière de dissuasion. Il y a les partenaires qui ont, à cette époque, totalement abandonné l’idée même d’une défense crédible: le Luxembourg, la Belgique, l’Espagne dépensent moins de 1% de leur PIB pour leur défense dans les années 2000[28]. Là encore, l’appartenance à l’OTAN est un confort, une garantie, une assurance-vie. Comme le dirait une publicité pour une banque (ça marche aussi pour une voiture, une assurance ou du produit-vaisselle): pourquoi dépenser plus?
Parmi les adversaires les plus farouches d’une défense européenne indépendante ou autonome, se trouvent les Etats-Unis. Ils font depuis des décennies des discours qui peuvent sembler très contradictoires: ils reprochent tout à la fois à l’Europe de ne pas dépenser assez en matière de défense[29] (l’objectif affiché de l’OTAN est que chacun de ses membres consacre 2% de son PIB aux dépenses de Défense) et, en même temps, s’opposent à la construction d’une défense européenne[30]. Et pourtant, ce n’est pas du tout contradictoire, c’est même très clair à qui veut simplement le comprendre: les Etats-Unis ne veulent pas porter tout le fardeau de la défense commune, ils veulent que leurs alliés dépensent plus et s’équipent davantage. Mais, ils veulent que ces dépenses d’équipement profitent à leur industrie de Défense et que l’Alliance demeure sous leur contrôle. On peut s’insurger contre cette politique mais les Etats-Unis défendent leurs propres intérêts ce qui, vous en conviendrez, n’est pas totalement aberrant. Pour les Etats-Unis l’OTAN leur permet de monter des coalitions internationales pour intervenir partout où ils le jugent utile. Ils pourraient intervenir seuls, mais le vernis d’une coalition permet de se donner bonne conscience aux yeux de l’opinion publique: ainsi, les Etats-Unis n’étaient pas en guerre contre l’Afghanistan ou contre l’Irak, c’était une coalition internationale menée par les Etats-Unis.
C’est là que se rencontrent donc les intérêts de tout ce petit monde, au détriment des ambitions françaises (ambitions que la France a souvent tendance à saborder elle-même: en 1954 en refusant de ratifier le projet de Communauté européenne de Défense, en 2005 par le rejet du Traité constitutionnel européen qui prévoyait un embryon de défense européenne commune). Il suffit aux pays européens membres de l’OTAN de s’équiper en matériel militaire américain pour bénéficier à la fois de la protection américaine, de matériels le plus souvent technologiquement supérieurs et d’une parfaite interopérabilité avec leurs voisins (et pour cause, ils achètent la même chose). Enfin, et ce n’est pas rien, acheter sur étagère à l’allié américain coûte moins cher (sur le plan strictement budgétaire) que d’entretenir sur le long terme une base industrielle de défense qui réclame des investissements publics importants. C’est de courte vue mais le plan « PIPE » se déroule à merveille: pas d’investissements, pas d’emmerdes.
C’est ainsi que les pays européens se retrouvent à commander principalement américain lorsqu’il s’agit d’avions de combat[31]: le Danemark, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, la Belgique et le Royaume-Uni ont tous fait le choix du F-35. La Bulgarie, le Danemark, la Belgique, la Grèce, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie ainsi que la Slovaquie sont équipés ou seront bientôt équipés de F-16. L’Espagne, la Finlande, la Suisse (oui la Suisse est en Europe) mettent en oeuvre des F-18. Seules la Hongrie, la République tchèque et la Suède utilisent le JAS 39 Gripen, de conception suédoise, seules la Grèce et la France mettent encore en oeuvre des Mirage 2000 de conception française), enfin l’Eurofighter, appareil conçu par un consortium européen, équipe actuellement les armées de l’air d’Autriche, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne et du Royaume-Uni. Le Rafale, lui, n’équipe que l’Armée de l’Air française.
S’il est un exemple qui résume bien la situation, c’est bien celui de la Pologne. Rien qu’au XXème siècle, la Pologne aura subi tout ce qu’un peuple peut vivre de drames, d’espoirs déçus, d’abandons et de renaissances. S’il est un peuple européen qui peut saisir plus que les autres toute la dimension des quelques mots de Tadeusz Rozewicz, c’est bien son propre peuple, le peuple polonais. Il aura subi les appétits territoriaux de ses puissants voisins, le massacre de sa population, à commencer par le terrible génocide des juifs et l’abandon de ses alliés français et britanniques qui la laisseront se faire dépecer. Varsovie sera abandonnée à son sort deux fois: lors de l’insurrection du ghetto en 1943 et lors de son soulèvement pour sa libération l’année suivante. Les morts se souviennent.
En 1945, elle n’est pas une puissance victorieuse comme la France. Elle l’aurait sans doute mérité si l’on considère l’activisme de sa résistance intérieure comme extérieure. Elle est sacrifiée sur l’autel de l’apaisement avec Staline. Le rideau de fer tombe, la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis regardent ailleurs. C’est de Pologne que soufflera régulièrement dans les années 50, 60, 70 et enfin 80, un vent de révolte qui contribuera à la dislocation du bloc de l’Est. Ce sont des Polonais à Gdansk comme au Vatican qui sonneront le glas de la domination soviétique à l’est du rideau de fer.
En 1989, la Pologne recouvre sa liberté, quelques mois avant la chute du mur de Berlin. Depuis lors, elle n’a cessé de se rapprocher de l’Occident en général (par des réformes économiques et politiques ambitieuses), des Etats-Unis en particulier. La Pologne n’a eu de cesse de s’arrimer à l’OTAN dans une vision la plus atlantiste possible. Au concept de Défense européenne, tous les gouvernements polonais qui se sont succédés ont préféré celui de Défense de l’Europe. Le constat est simple: hier comme aujourd’hui, les Européens de l’Ouest ne mourront pas pour Dantzig. Ce n’est pas de la méfiance, c’est de la mémoire. Les morts se souviennent.
Alors, lorsque les Etats-Unis reprochent aux alliés de l’OTAN de ne pas investir suffisamment dans leur Défense, la Pologne fait figure de bon élève: en 2002, le budget militaire polonais était de 3,5 milliards de dollars soit 2% de son PIB, en 2018 il était de 11,86 milliards[32]. Sur 30 pays membres de l’Alliance, seuls 7 tenaient leur engagement d’atteindre les fameux 2% en 2018: on y retrouve, outre les Etats-Unis, les 3 pays baltes, la Pologne et la Roumanie[33]. Si vis pacem para bellum.
Varsovie a bien compris que les alliés européens ne se risqueront pas à combattre la Russie si d’aventure celle-ci menait des opérations hostiles contre elle. Les leçons du passé lui donnent raison, mais nul besoin de remonter si loin: elle a bien vu que la crise ukrainienne n’a entraîné que récriminations et sanctions. La Russie a modifié la carte de l’Europe, les Occidentaux ont vigoureusement protesté. Les morts se souviennent. Certes, l’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN, mais qui peut croire que l’Europe occidentale entrerait en guerre pour la Pologne, l’Estonie ou la Roumanie? Nous sommes de vieux pays fatigués qui craignent les rapports de force et la continuation de la politique par d’autres moyens.
Varsovie a bien compris que les alliés européens ne se risqueront pas à combattre la Russie si d’aventure celle-ci menait des opérations hostiles contre elle. Les leçons du passé lui donnent raison, mais nul besoin de remonter si loin: elle a bien vu que la crise ukrainienne n’a entraîné que récriminations et sanctions.
Les Polonais misent donc sur une alliance serrée avec les Etats-Unis en 3 volets.
Le premier est économique: la Pologne augmente ses échanges avec les Etats-Unis et cherche à tout prix à réduire sa dépendance énergétique envers la Russie (l’ouverture du terminal gazier de Świnoujście vise à diversifier les approvisionnements[34] et, le cas échéant, pouvoir réduire la part d’importations depuis la Russie en gaz qui représentaient en 2018 près de 80% de la consommation nationale). Cela plaît aux Etats-Unis et en particulier à Donald Trump qui n’a pas de mots assez durs à l’égard de pays comme l’Allemagne qui ne font rien pour lutter contre leur dépendance énergétique au géant russe et qui ne respectent pas leur engagement de respecter la fameuse règle des 2%. On peut critiquer Donald Trump sur le fond comme sur la forme, mais il ressort que les Etats-Unis, et cela ne date pas de 2016, ne comprennent pas pourquoi ils doivent continuer de protéger des alliés qui ne paient pas leur juste part du fardeau de la défense collective et qui entretiennent leur dépendance énergétique (et donc stratégique) avec la dite menace[35]. Pendant ce temps, en 2018, le gouvernement polonais a annoncé la signature d’un contrat d’approvisionnement en gaz liquéfié américain pour une durée de 20 ans[36].
Le second est militaro-industriel: la Pologne achète du matériel américain. F-16, F-35, batteries de défense aérienne Patriot, systèmes d’artillerie HIMARS[37]. L’année dernière, le gouvernement polonais a même annoncé un effort de 43 milliards d’euros sur 7 ans pour moderniser ses équipements[38]. De quoi ravir les industriels de l’armement, principalement américains. Elle confirme là son ambition de maintenir ses dépenses militaires au seuil demandé par l’Alliance.Le troisième est militaire: dans le cadre des mesures de réassurance de l’OTAN, la Pologne n’a pas besoin que ses alliés viennent lui prêter main-forte en matière de surveillance de son espace aérien.
Mais, elle aime accueillir des exercices de l’OTAN et des troupes très régulièrement[39] [40]. Pour le moment, aucune base permanente n’est située en Pologne. Ce qui n’empêche pas les Etats-Unis d’y stationner près de 5000 hommes, contingent prélevé directement sur les forces américaines stationnées en Allemagne, d’environ 52 000 hommes, qui, comme on l’a vu plus haut, est un mauvais élève aux yeux de Washington[41]. Il y eut même le projet d’implanter un complexe de défense anti-missile américain en Pologne sous Georges W. Bush, celui-ci fut annulé en 2009 dans un souci d’apaisement entre la Russie et les Etats-Unis.
Ainsi, la Russie est maintenue à distance: ses intérêts économiques en Pologne se réduisent, la Pologne est militairement puissante (bien plus que l’Ukraine ou la Géorgie) et bien équipée, l’OTAN est susceptible d’intervenir en cas d’agression. Si malgré tout la Russie se mettait en tête d’actions hostiles contre la Pologne et qu’un gouvernement américain serait particulièrement frileux à l’idée d’intervenir, la présence de soldats américains en Pologne et le risque qu’ils soient la cible d’une action russe enclencherait sans aucun doute une riposte américaine. C’est un parapluie supplémentaire que la Pologne et son obsession atlantiste peut se targuer d’avoir réussi à déployer.
Ainsi, on peut considérer, comme l’écrivait Balzac, que l’expérience s’achète par le malheur. A ce titre, la Pologne ainsi que les pays Baltes et la plupart des pays d’Europe centrale ont acquis beaucoup d’expérience, notamment de leurs relations avec la Russie. Dire que l’OTAN s’étend est une bêtise: elle n’a cessé depuis 1991 de recevoir des candidatures de pays qui voyaient en l’Alliance la garantie de leur sécurité et de leur intégrité territoriale. Ils n’ont pas été intégré, ils ont tambouriné à la porte jusqu’à ce qu’on leur ouvre. Qu’on le veuille ou non, c’est la seule entité crédible en matière de défense collective en Europe. Jusqu’en 2008, on pouvait douter de l’agressivité russe et envisager la possibilité que cela n’était qu’une excuse pour permettre à l’Alliance atlantique de s’étendre jusqu’aux frontières de la Russie. La guerre de Géorgie, celle d’Ukraine (ne nous cachons pas derrière les mots, lorsque l’on fait intervenir des soldats sur un théâtre d’opération pour affronter l’armée régulière d’un pays souverain, c’est une guerre), ont rappelé à chacun que la Russie n’a jamais abandonné ses ambitions de constituer un glacis des pays qui formaient naguère sa zone d’influence. La Russie est une puissance expansionniste, ses voisins l’ont bien compris, certains à leurs dépens. Le 24 novembre 2016, lors d’une cérémonie de remise de prix de la Société russe de géographie, au Kremlin, Vladimir Poutine déclare, sur le ton de la plaisanterie: « Les frontières de la Russie ne se terminent nulle part »[42]. Les morts se souviennent.
Les propos de l’auteur sont personnels et ne peuvent en aucun cas engager la responsabilité juridique de l’association Euro Créative.
Marc Lerouge
Marc Lerouge est Collaborateur parlementaire à la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale. Il est également Titulaire d’un Master en Histoire.
[1] https://www.espritsnomades.net/litterature/tadeusz-rozewicz-la-poesie-posee-sur-les-blessures-de-lhistoire/
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Forces_armées_de_l%27OTAN_et_du_Pacte_de_Varsovie
[3] http://www.nato.int/cps/fr/natolive/news_71296.htm
[4] https://www.lesechos.fr/2016/06/oublier-les-dividendes-de-la-paix-228707
[5] https://nsarchive.gwu.edu/briefing-book/russia-programs/2017-12-12/nato-expansion-what-gorbachev-heard-western-leaders-early
[6] https://www.lemonde.fr/archives/article/1994/01/07/tenant-compte-de-l-opposition-de-boris-eltsine-les-occidentaux-n-envisagent-pas-d-elargir-l-otan-dans-l-immediat_3794977_1819218.html#JLYv8JoL37k3Sepq.99
[7] https://www.humanite.fr/node/156262
[8] https://www.theguardian.com/world/2014/feb/28/gunmen-crimean-airports-ukraine
[9] https://www.liberation.fr/planete/2014/03/01/oui-ce-sont-des-soldats-russes_983852
[10] http://rt.com/news/russia-crimea-sieze-gunmen-344/
[11]https://www.ouest-france.fr/europe/russie/crimee-poutine-reconnait-la-presence-de-forces-armees-russes-2198176
[12] http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays=RUS&codeTheme=12&codeStat=MS.MIL.XPND.GD.ZS
[13] https://lecourrier.vn/la-russie-a-depense-24-milliards-dollars-pour-les-forces-armees/659648.html
[14] https://www.challenges.fr/entreprise/defense/le-tu-160-le-bombardier-russe-qui-defie-la-france-et-l-otan_453621
[15] https://www.defense.gouv.fr/air/actus-air/l-armee-de-l-air-intercepte-et-escorte-deux-avions-russes
[16] http://www.opex360.com/2018/09/21/bombardiers-russes-160-blackjack-surveilles-forces-aeriennes-britanniques-francaises/
[17] http://www.opex360.com/2014/11/06/la-marine-portugaise-intercepte-navire-russe/
[18] https://www.lesechos.fr/2014/07/surveillance-russe-au-large-de-toulon-306207
[19] https://www.europe1.fr/international/grande-bretagne-une-fregate-pour-surveiller-un-batiment-russe-en-mer-du-nord-3530660
[20] http://www.opex360.com/2016/07/25/la-bulgarie-denonce-des-intrusions-davions-russes-dans-son-espace-aerien/
[21] https://fr.wikipedia.org/wiki/Baltic_Air_Policing
[22] https://www.svd.se/ryskt-flyg-ovade-anfall-mot-sverige
[23] https://www.liberation.fr/planete/2014/10/21/en-mer-baltique-la-suede-et-la-russie-rejouent-a-la-poursuite-d-octobre-rouge_1126618
[24] http://www.rfi.fr/fr/emission/20161010-pays-baltes-inquietudes-incursions-militaires-russes-espace-aerien
[25] http://www.opex360.com/2013/04/26/laviation-russe-a-simule-lattaque-de-bases-militaires-suedoises/
[26] https://www.ledauphine.com/politique/2018/03/12/les-guerres-de-vladimir-poutine
[27] http://forcesoperations.com/face-a-la-russie-finlandais-et-suedois-poussent-pour-integrer-lotan/
[28] https://www.nato.int/nato_static_fl2014/assets/pdf/pdf_2019_03/190314-pr2018-34-fre.pdf
[29] https://www.lesechos.fr/2018/07/lotan-a-lheure-de-la-faille-transatlantique-1120206
[30] https://www.lemonde.fr/international/article/2019/05/17/la-defense-europeenne-crispe-la-relation-entre-washington-et-bruxelles_5463343_3210.html
[31] https://www.bfmtv.com/economie/pourquoi-la-belgique-et-d-autres-pays-europeens-preferent-acheter-des-avions-de-chasse-americains-1552975.html
[32]https://fr.wikipedia.org/wiki/Dépenses_de_défense_des_pays_de_l%27OTAN#cite_note-OTAN_Y_19-1
[33] https://www.nato.int/nato_static_fl2014/assets/pdf/pdf_2019_03/190314-pr2018-34-fre.pdf
[34] https://ec.europa.eu/regional_policy/fr/projects/poland/new-liquefied-natural-gas-terminal-improves-energy-supply-and-security-in-poland
[35] https://www.lepoint.fr/monde/affrontement-trump-merkel-au-sommet-de-l-otan-11-07-2018-2235263_24.php
[36] https://www.lemondedelenergie.com/gros-contrat-achat-gaz-usa-pologne/2018/12/20/
[37] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/armement-la-pologne-ce-pays-europeen-qui-achete-made-in-usa-a-tour-de-bras-841555.html
[38] https://www.lorientlejour.com/article/1159493/la-pologne-depensera-44-mds-eur-pour-larmement-dici-2026.html
[39] https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/pologne-l-otan-lance-son-plus-important-exercice-militaire-depuis-1989_1799532.html
[40] https://www.ouest-france.fr/europe/37-000-soldats-en-manoeuvres-pour-demontrer-que-l-otan-n-est-pas-encore-mort-6606644
[41] https://www.euractiv.fr/section/politique/news/washington-needles-germany-with-threat-of-us-troops-relocation-to-poland/
[42] https://francais.rt.com/international/29522-poutine-frontieres-russie-ne-se-terminent-jamais
Président fondateur d’Euro Créative, spécialiste Europe centrale